Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 octobre 2018 2 23 /10 /octobre /2018 07:37

Statut et contrat.

 

Résumé :

Nous avons été jusqu’aux années 1980 dans une société de statut, hérité de l’histoire. Nous passons à une société du contrat et de l’instantané. Front national et front de gauche sont dans la nostalgie de l’héritage des racines pour l’un, des droits des salariés pour l’autre.

Le macronisme consacre le rapprochement entre une droite favorisée, dont les intérêts sont défendus par l’équilibre instantané du marché sans entrave étatique, et d’une gauche sociétale qui se retrouve dans l’hédonisme personnel du désir du moment le « jouir sans entrave » de 68 et dans le contrat qui se font et se défont la défense des libertés.

La souplesse d’adaptation à de nouvelles règles y gagne, mais on entre ainsi dans une société où il existe plus de liberté…mais aussi de risque…

Les deux fronts incarnent ceux qui sont nostalgiques des ces statuts hérités, le macronisme dans cet apologie d'une flexibilité fonctionnelle d'adaptation ne méconnaît-il pas cependant que le désordre ne profite que que rarement au plus faible ?

 

 

 

 

A droite, le statut hérité, la lignée, les racines, la transmission du patrimoine. Tout un héritage des générations, matériel mais également immatériel à travers le respect des traditions, de la religion hérité, des valeurs traditionnel.

A gauche, une vision également historique, mais progressiste, le fameux « il existe un sens et une fin de l’histoire », marxiste, mais également plus concrètement la défense de statuts obtenus à travers les luttes sociales. Une société bien ordonnée, non par le respect de la tradition et de la hiérarchie (respect dû aux anciens, au « pater familias », aux patrons, au responsable religieux) mais par la structuration en classes et le conflit entre prolétaire et capitaliste.

C’est peu de dire que cette société du statut et de l’histoire a volé en éclat, sous les coûts de butoirs économiques de la modalisation qui passe à la moulinette la protection sociale héritée par la mise en concurrence des salariés et des fiscalités, mais aussi des évolution technique qui permettent et sont la conséquence de nouvelles aspiration des modes de vies socio-économiques. On observe une individualisation des consommations avec la tablette personnelle plutôt que la télé des soirées familiales, une fragmentation d’un temps devenu chaotique (le micro-onde qui personnalise consommation et horaire en lieu et place du soupée collectif de 18 heures). A ces évolutions économiques, techniques, s’ajoutent les revendications hédonistes et nihilistes de 1968. S’impose ainsi, progrès indiscutable de la liberté personnelle, l’envie du moment, sans contrainte, tout comme le marché recherche l’optimum walrassien débarrassé des pesanteurs des réglementations étatiques. Nihiliste, cet état peut le devenir, car le marché instantané a-t-il un sens autre que lui-même….les projets gaulliens ou de la société sans classe sont bien morts !

Foin des racines et du sens de l’histoire, place à l’équilibre instantané du marché, mouvant et plastique à l’adaptation, flexibilité nécessaire mais transférée de la finance à la sphère réelle. Foin des pesanteurs, des traditions et des intérêts collectifs, fussent de la classe ou de la patrie, place à l’hédonisme, le fameux jouir sans entrave de 1968, place aux aspirations personnel du moment  en lieu et place des mouvements collectifs de l’histoire. Le Vide d’une part des églises et de l’autre des manifs du 1 er Mai en sont la consécration.

Si droite et gauche voient perdues leurs visions traditionnelles, centre droit et centre gauche peuvent se reconvertir, c’est ça le macronisme : synthèse du libéralisme économique de la droite et du libéralisme sociétal de la gauche, l’individu et l’instant l’emporte sur le groupe et l’histoire, la liberté et l’adaptation y gagne, le risque également.

Nous sommes dans une société où nous sommes plus libres choisir, on choisit son métier, qui ‘n’est plus directement hérité des parents, son conjoint dans un cadre autrement plus large que le village, son lieu de vie en cessant de vivre dans les villages de ces ancêtres. Mais fruit de ces adaptations permanentes, métier, mariage et lieu d’habitation en sont plus garante…plus de choix, mais plus de risque, telle est notre société.

Ces société héritées de l’histoire sont justement présentées comme des « carcans » rendant impossible des adaptations…leurs idéologies et règlements ont été  définis par et pour une période.  Le macronisme c’est aussi le chant de la flexibilité économique et sociétale, sans l’aptitude à l’adaptation une société dépérie et meurt. C’est souvent du chaos que naissent de nouvelles régulations, économiques sociales. Ensuite apparaissent des périodes de stabilité.

La société doit s’adapter aux changements dictés par les technologies. Mais de cette plongée dans la dérèglementation pour gagner en souplesse d’adaptation, un marxiste verra la capacité des puissants à dicter les nouvelles règles de leur choix, fût-ce leur absence qui leur profita tant au milieu du 19 éme et aida à la transition économique. Dans la droite traditionnelle, on considéra comme le disait Lacordaire, que « l’ordre protégé les faibles ».

S’il existe donc « une casse sociale » comme le disait le PC, un « Munich social » comme le disait Philippe Seguin, cependant  les droits des minorités progressent, l’intérêt d’ « En Marche » pour la situation des femmes, des réfugiés, n’a d’égal que son ignorance des plus pauvres. Dédain assez général, car c’est  même jusqu’au  terme de  « nouveaux pauvres » qui a fini par disparaitre de notre vocabulaire.

Les tenants de l’intérêt général regrettent cette fragmentation de la société qui risque d’entrainer la prééminence des forces centripètes sur les centrifuges. Mais c’est ainsi que marché et individu sont libres de s’adapter sans forces capables d’imposer un cadre.

 A droite, on ne peut que regretter cette société qui coupe l’homme de ses racines, lui fait perdre sa dimension spirituelle pour le transformer en consommateur et producteur vagabond. Mais son électorat le plus favorisé est heureux de voir consacrées, pour ne pas dire imposées comme horizon indépassable, les politiques libérales.

Ainsi le macronisme consacre ce passage d’une société du statut à celle du contrat, contrat de travail, de pacs…qui se lie et se délie, « la santé est précaire, l’amour est précaire, pourquoi le travail ne le serait-il pas » disait finement Laurence Parisot, responsable alors du MEDEF.

Une Droite libérale et favorisée, une gauche hédoniste défenseuse  des minorités, les bobos comme on les a trop souvent brocardés,  peuvent s’y retrouver. Un mouvement politique pour s’enraciner à besoin de reposer sur un socle sociologique certes  (la France qui gagne contre la France qui perd, des villes métropoles contre la France périphérique),  mais doit aussi reposer sur des valeurs. A cet égard avec sa recherche de l’équilibre instantané du marché et de l’individu, cadre flexible qui rend possible les adaptations, le macronisme peut durer, tant en tous cas que les composantes plus traditionnelles se réfugient dans l’abstention et que le vote protestataire par lesquelles elles peuvent être tentées ne franchisse pas certains seuils…le second tour de la présidentielle à cet égard a trop éclipsé le premier tour chez les éditorialistes... la leçon pourrait revenir en 2022, ou deux trois points de plus pour les uns, de moins pour les autres pourraient changer du tout au tout les résultats des présidentielles…tout mouvement de fond socioéconomique entraine forcément son contre poids…

Le Front national et de Gauche sont les survivances de cette France des statuts, hérités de l’histoire, avec les valeurs traditionnelles et les racines aux FN, les droits des salariés à gauche. Là encore ce passage du statut au contrat, de l’histoire à l’instantané, peuvent fournir des socles durables.

 

 

Partager cet article
Repost0
23 mars 2018 5 23 /03 /mars /2018 06:23

Dette, planète : le double discours sur les générations futures 

 

 

En matière de dette, nous sommes priés de la rembourser rubis sur l’ongle, la prière nous vient notamment d’Allemagne, qui dans l’histoire de ses 100 dernières années ne s’est pourtant signalée que comme mauvaise débitrice. La loi de janvier 1973 qui empêche la monétisation du déficit était justifiée peut-être en cette période d’inflation croissante, et surtout de déficit zéro ….appliquer les mêmes principes en inflation zéro et en déficit record est peu inspiré.

De Valéry Giscard D’Estaing, alors ministre des finances à Emmanuel Macron président de la république, on peut se demander si certaines accointances idéologiques, amicales ou politiques dans ces milieux qui s’entre fréquentent et ou ne règne guère la mixité sociale recommandée pour les autres, n’explique pas ce zèle dans le versement des traites…  « Il ne faut pas remettre en cause les engagements de la France » vis-à-vis des financiers….quand il s’agit de le faire vis-à-vis de la population en revenant sur les retraites ou les statuts…on se montre beaucoup moins rigide…

Ce sera aux générations futures de rembourser, puisque l’on a  par principe, exclue de recourir à l’inflation, que l’on peine d’ailleurs à faire redémarrer, ou à la banqueroute.., l’épargnant, les retraites allemandes ou californienne, plutôt que nos petits-enfants…

 

En matière d’environnement, le discours est totalement inverse, on est au contraire dans une grande préoccupation quant à l’intérêt des générations futures. Intérêt louable, mais bien suspect quand on l’oppose au désintérêt vis-à-vis de la première question...n’y aurait-il pas justement quelques intérêts derrière cela ? Le fait que les problématiques de l’environnement soient transfrontalières et invitent donc à dépasser l’échelle nationale, incite à aller vers une forme de gouvernance mondial, la global gouvernance déjà à l’œuvre de façon plus ou moins anarchique dans la planète finance, n’y est peut-être pas totalement étranger.

 

« Moins au fait du social, et plus on fait du sociétal », avait-on déjà remarqué depuis 1983 en France, il faut bien donner l’impression de progresser sur quelque chose quand on régresse sur l’autre. Avec E. Macron cette logique a été renforcée : la vigueur du discours sur le sexisme et les minorités n’a d’égal que la remise en cause des statuts et des acquis sociaux, on est passé à la vitesse supérieure des deux côtés. Pour faire contrepoids à cette régression sociale, le discours sur l’environnement, ce qui n’enlève rien à la légitimité de cette préoccupation, a été fortement utilisée. C’est une cause consensuelle qui permet politiquement de ratisser large, et surtout  une cause qui ne peut être mesurer quant à l’efficacité des politiques entreprises qu’avec quelque décennies…n’être évalué que sur les discours et pas sur les résultats n’est-ce pas le rêve de tout politique ?

 

Si on peut donc sur le plan national opposer social et sociétal, et comprendre la récupération des préoccupations environnementales dans ce cadre, il faut constater la même symétrie au niveau international,  plus on se préoccupe des générations futures en matières d’environnement et plus on s’en désintéresse sur le plan financier…

 

 

 

Partager cet article
Repost0
16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 09:01

La victoire des médias traditionnels.

 

On les avait un petit peu rapidement enterré, les médias traditionnels, le 20 h de papa et les journaux magazine de grands papas ne seraient plus rien face à internet, des courants alternatifs à la « fachosphère ».

S’il est vrai qu’internet reste le refuge des tendances politiques qui accède difficilement aux médias traditionnels, les mêmes qui donnent des leçons de démocratie, internet ne prêchent globalement….que des convaincus. Les scores record du site de Mélenchon à gauche ou des sites identitaires à droite ne doivent pas ainsi tromper. L’électeur hésitant qui va faire basculer l’élection est peu politisé, donc se contente de la grand-messe du 20 heures, il ne lie pas vraiment les magazines, mais n’a il n’a pu échapper aux 50 unes des hebdomadaires consacrées en 1 an et demi à Macron affichées dans les rues.

Or si au départ de l’élection seule BFM affichait, jusqu’à dans son jingle présidentielle sa préférence pour Macron, qui apparaissait plus longuement plus souriant que les autres candidats et surtout à la fin, TF1 à lâcher Fillon, et les chaines publiques Hamon que vers le mois de mars quand elles ont compris que leurs Poulains traditionnels avaient perdu. On passera de la pédale douce sur les affaires concernant Marine Le Pen, dont on voulait qu’elle fut présent au second tour pour garantir une élection facile, à la curée que lors du passage au second tour…pour garantir une élection-plébiscite, dont on aurait bien besoin vu l’impopularité que risquait de générer par la suite les réformes libérales, dont le programme officiel de E. Macron disait pas grand-chose, à venir.

Ainsi, s’il est sans doute exagéré de parler d’orchestration, quoiqu’on ne fait pas 50 unes en 1 an et demi par hasard, et qu’on ne sait toujours pas grand-chose des fonds qui ont aidés E. Macron a financer sa campagne, et encore moins de son patrimoine disparu, on peut tout au moins constater que contrôler le 20 heures et les news magazine affiché à tous les coins de rue, reste encore de première efficace pour emporter la présidentielle.

 

Partager cet article
Repost0
8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 05:45

Alternative économique et alternative politique

On connait la phrase célèbre de M. Thatcher au début des années 80 pour faire accepter une politique monétariste et libérale, qui selon ses détracteurs travaillistes ne profitait qu'à quelques uns : "il n'y a pas d'alternative"...économique s'entend

Il est vrai que des politiques de relances et de redistribution ne peuvent plus être conduites en solitaire dans une économie mondialisée, même si cela repose en partie sur des choix plus ou moins assumés d'imposer un cadre libéral, au niveau européen jusque dans sa constitution, et sur le plan international par la signature d'accord du libre échange.

S'Il y a une dimension de choix non assumée par la droite, on pourrait évoquer aussi la conséquence non assumé par la gauche tel le  tournant de 1983 .

Prés de 40 ans après , c'est autour de la France avec Emmanuel Macron de mettre en place cette politique libérale, si le  "il n'y a pas d'alternative " économique a déjà été énoncé par François Mitterrand avec le fameux "face au chômage on a déjà tout essayé " de 1992, il semble surtout à présent que c'est sur le plan politique qu'il n'y ait pas d'alternative : les opposants à cette politique sont rejeté dans les extrémes, incapables d'accéder au pouvoir. Que ce soit le centre actuel, la droite de Fillon , de Vauquier, ou la gauche du PS, chaque fois la politique libérale semble désignée comme l'horizon indépassable..de gré ou de force

S'il est très discutable qu'il n'y ai pas d'alternative sur le plan économique, assez certain cependant en solitaire, la réussite des zélateurs de ces politiques libérales est d'avoir réussi à ce qu'il n'y ait pas d'alternative politique crédible..confinée dans les deux fronts aussi aventureux que peu crédibles .

Lors de la crise des années 30, la gauche réformiste, les démocrates aux Etats-unis, le front populaire en France ; ou la droite avec parfois une capacité de remise en cause, avec la dévaluation de la livre au R.U. en 1931 par exemple, avait permis que des alternatives apparaissent dans le cadre politique classique, évitant que tous les pays se lancent dans les choix des régimes autoritaires italien, allemand ou soviétique qui firent ainsi des émules en Europe centrale..

Il semble que cette fois-ci, mais il est vrai que l'intensité de la crise n'est pas la même, il n'y ait pas place dans le cadre classique pour des alternatives politiques...on joue ainsi un peu à quitte ou double..rendez-vous en 2022....

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2017 6 04 /11 /novembre /2017 07:20

Baisse de l’APL, hausse de la CSG, suppression partiel de l’ISF…quels liens ?

La mondialisation oblige à baisser la fiscalité sur le capital, car la liberté des mouvements de capitaux rend possible « l’optimisation fiscale » comme on le dit joliment. Il y a au demeurant fort à dire sur la nécessité d’un plus grand financement de la bourse, ce sont plus les PME soumise à des banques tatillones que les grandes entreprises françaises qui peinent à se financer, et les produits purement spéculatif, comme des indicielles passables en PEA, profiteront également de ce cadeau. Les logements restent soumis à l’ISF, car les redevables de cet impôt sont ainsi encouragés à vendre leur logement locatif, pour y échapper, cette tension à la baisse sur les prix du marché rend possible l’austérité salariale, comme ce fût le cas en Allemagne au début des années 2000. Difficile de comprimer les salaires quand se loger coûtent de plus en plus cher. Ainsi la France aura un coût du travail plus compétitif, car à coté de l’ouverture financière existe l’ouverture commerciale.

Asséchant ainsi les caisses, la mondialisation est le meilleur allié du « moins d’état », il faut refiler la facture aux classes moyennes, notamment aux retraités via la CSG, et aux classes populaires, elles payant la facture sous forme de compression de prestations sociales.

Les logiques qui apparaissent derrière cette politique tient donc à la fois de l’adaptation à la mondialisation, et au clientélisme électoral, car les catégories qui jouent en bourse, milieux plutôt assez jeunes et favorisés, sont au cœur de la clientèle électorale macronniène, alors que les pénalisés sont les classes populaires férues du vote lepéniste ou mélanchonnesque, ou les retraités et investisseurs un peu âgés adorateurs de d’investissement immobilier et cachant mal leur penchant fillionnesque …

Partager cet article
Repost0
20 avril 2017 4 20 /04 /avril /2017 12:50

 

Quelle réaction  la bourse aura le lundi 24 avril 2017 ?

Quatre scénarios sont possibles, partons de plus positif pour la bourse, qui ne manquerai pas d’être salué ainsi par une hausse pour aller vers le plus négatif, en n’oubliant pas que de l’élection de Mai 1981 en France à celle des Etats-Unis en novembre 2016, en passant par le brésil de juin de la même année , la bourse s’est toujours avéré talentueuses…pour se tromper dans ses prévisions électorale !

Le rêve : le second tour entre Fillon et Macron, si BFM et la presse économique ont souvent affiché leur préférence pour le second, rebuté par le conservatisme moral prêté au premier, le programme très libéral de l’ancien premier ministre serait tout même susceptible de fortement plaire au milieu financier. Pour le second tour, à tous les coups la bourse gagne….le rêve donc !

L’optimisme : un second tour Fillon –Le Pen, ou Macron-Le Pen, serait susceptible de laisser entrevoir la victoire de ses poulains préférés, même si la présence du FN au second tour augure de difficulté à faire passer des thèses très favorable à l’Europe et à la mondialisation à long terme.

Le doute : un second tour Mélenchon-Macron ou Mélenchon-Fillon montre qu’un courant hostile au libéralisme est en train de se constituer, et laisse poindre les risques d’un troisième tour social. Le deuxième cas, Fillon-Mélenchon est un scénario à la grecque, que la similitude dans l’effondrement du PS, rend possible alors que le FN peut ne pas être présent au second tour du fait de candidatures (Dupond-Aignan, Asselineau, Cheminade) chassant en partie sur les mêmes terres…

La cata ! : un second tour Le Pen-Mélenchon, là on est retourné 36 ans en arrière le 11 mai 1981…car c’est un enterrement de première classe proclamé sinon garanti, pour l’euro, le libéralisme, l’Europe et la mondialisation …le 11 mai 81 la baisse avait été de l’ordre de 20 %....

Après un an ou deux, elle comprit que le socialisme recentré peut très bien lui convenir, des études de long terme montrent que les actions prospèrent plus sous la gauche, que sous la droite…Il a fallu moins de temps encore à Alexis Tzipras pour passer des proclamations révolutionnaire à un programme de privatisation et de coupe dans les budgets sociaux sans précédents…donc acheter au plus bas quelques semaines après la secousse pourrait être alors judicieux, toutes choses égales par ailleurs…

 

Partager cet article
Repost0
17 avril 2017 1 17 /04 /avril /2017 07:58

 

La France qui va bien ou qui y croit encore contre la France qui va mal et qu’y n’y croit plus.

Comment expliquer à une semaine du premier tour des présidentielles, l’existence de 4 blocs de niveau à peu près comparables : Fillon, Macron, Le Pen, Mélenchon ?

A l’intérieur des deux blocs traditionnels droite-Gauche, une Fissure est apparue au fur et à mesure que chacun des deux blocs tour à tour au pouvoir échouait dans ses promesses essentielles.

A droite on peut opposer le vote Fillon, sociologiquement composé d’indépendants, de retraités et de hauts revenus, qui constituent globalement la France pour qui cela ne va pas trop mal ; à la France de Marine Le Pen dont une récente enquête a démontré que plus on était mécontent de sa situation et plus on était tenté par ce vote, c’est incarnation même du vote protestataire. Si de façon caricaturale le vote Fillon est celui de la France qui va bien, ou pas trop mal, le vote Le Pen incarne la France qui n’y croit plus, tant au niveau intérieur par les échecs successifs de la droite et de la Gauche, que sur le plan extérieur, pour les promesses de la mondialisation et de l’Europe.

Même dualisme à gauche de façon moins clivant entre le vote Macron qui est celui de personnes intégrées, ceux qu’on a longtemps appelé avec moquerie les bobos, soucieux de modernité économique et sociétale, opposé au vote Mélenchon, aux contours marxisants, cherchant à ressusciter la fonction tribunitienne du presque feu Parti communiste Français. Dans « la gauche de la gauche » comme elle aime à s’appeler on ne croit plus dans les institutions, on appelle même à la fondation d’une 6 éme république, et encore moins à la mondialisation libérale ou à l’Europe de Madame Merkel. Sur le plan sociologique, les choses sont plus confuses à gauche qu’à droite, car il y a dans le vote Macron un vote de jeunes entrepreneurs, issus parfois des cités, qui galèrent et ne croit plus que dans l’économie ‘Uber’ pour leur permettre de s’en sortir avec leur « petite entreprise » comme le chantait si bien Baschung. Inversement le vote Mélenchon abrite quelques « bobos » qui s’amusent à se faire peur et trouve que cela fait très tendance.

Evidemment, d’autres clivages peuvent servir de grille de lecture, et celui-ci est forcément simpliste comme toute opposition binaire, mais cette coupure entre une France qui croit dans les évolutions actuelles en jouant à fonds la carte de la compétitivité (Fillon) ou de la modernité (Macron) et celle nostalgique d’un ordre ancien, socialement (Mélenchon) ou identitairement (Le Pen) est tout de même assez apparent. De ce morcellement interne de la droite et de la gauche, naissent 4 blocs….à la fois différents et pas si dissemblables de ceux des années 70 entre le RPR-UDF et le PS-PC….la grande différences étant sans doute la très faibles automaticité des reports de voix à l’intérieur de la droite ou de la gauche pour le second tour…de cela on pourra traiter la semaine prochaine……

 

Partager cet article
Repost0
10 février 2017 5 10 /02 /février /2017 12:49

Les 15 ans de l’Euro…un anniversaire bien discret.

Il y a 15 ans, 3 ans après les places financières , 5 ans après la fixation irrévocable des parités, et 10 ans après la signature la Traité de Maastricht, l’Euro devenait une réalité quotidienne pour des millions de citoyens européens.

 

Le bilan politique de l’Euro.

On évoque souvent le bilan économique de l’Euro.

Dans les aspects positifs, on le sait, la fin du risque de change (les dévaluations compétitives des pays d’Europe du Sud), la baisse du taux d’intérêt à court terme rendu possible par la disparition de la nécessité de soutenir le franc face au mark, la baisse des taux d’intérêt à long terme dont ont profité les pays à l’abri de la crédibilité allemande, même si ceux d’Europe du sud ont voulu jouer au passager clandestin en ne respectant pas le pacte de stabilité. Au-delà de la disparition des frais de changes, peut aussi citer la faible inflation, garante à première vue du pouvoir d’achat.

Dans les moins, des politiques monétaires trop restrictives à long terme : taux d’intérêt à court terme ne baissant pas aussi rapidement qu’outre atlantique à la suite de la crise de 2008, la BCE continuant à craindre l’inflation alors qu’on ait à la limite de la déflation, monnaie durablement forte anesthésiant le moteur extérieur et surtout en 2011-2014 des politiques budgétaires restrictives en plaine reprises faisant rechuter lourdement la croissance. Les résultats en terme de croissance et d’emploi sont à l’encans, l’Europe et singulièrement la zone Euro est devenu le boulet de la croissance mondiale, ne semble trouver comme solution que ce qui en faisant justement son originalité : le sacrifice de sa protection sociale. Ce ne sont pas des politiques conjoncturelles, mais des reformes structurelles (comprenne retour en arrière) que viendra la solution, les politiques conjoncturelle doivent neutre…foie de monétaristes…

On connait un mieux à partir de fin 2014, avec une baisse du pétrole, de l’euro et surtout la mise en place d’une certaine monétisation de déficits au grand dam de l’orthodoxe allemand, mais aussi de notre loi de janvier 1973 interdisant les avances de la banque de France. Cet assouplissement à peut être sauvé l’Euro…en tous cas lui aura donné une période de rémission, lui qu’on donnait moribond à l’hiver 2011-2012..il fallait sauver l’Euro…..en sacrifiant la croissance.

A-t-on exagéré le risque de disparition de l’Euro pour pousser les peuples à accepter les sacrifices ? l’histoire le dira peut-être un jour, en tous cas on assista à une belle inversion entre moyens et fins…ce n’était plus l’euro qui était au service de la croissance, mais la croissance sacrifiée qui était au service du sauvetage de l’euro…Après les pays que doivent s’adapter à la monnaie alors qu’on est normalement dans une situation inverse…on est dans une Europe qui aime les inversions ….

 

Le bilan politique peut être en partie présenté positivement. L’Euro, 15 ans après son introduction dans la vie quotidienne donne corps la construction d’un nouvel Etat européen, le doit de battre monnaie n’est-il pas ce qui identifie la naissance d’un Etat, tels les états issus de l’ex URSS qui se sont empressé d’avoir leur monnaie une fois sorti du giron soviétique.

N’oublions pas que l’euro a été créé pour des raisons politiques, par un François Mitterrand guère féru de la chose économique.

L’objectif était d’arrimer l’Allemagne à l’Europe de l’ouest alors qu’on craignait avec la chute du mur de Berlin que l’Allemagne retrouve les penchants bismarckiens du « mittel Europa ». Surtout on souhaitant diluer dans l’ensemble européen une Allemagne passant de 60 à 80 millions d’habitants …. devenue bien peu contrôlable.

Pressentait-on déjà que c’était la fin du couple franco-allemand, tout couple digne de ce nom reposant sur une égalité, à la base économique ? Ainsi profitant de l’occasion historique d’un Helmut Khôl acceptant d’imposer aux allemands la disparition de leur monnaie, le Marck , fierté national, surtout sans recourir au referendum dont il devinait la réponse négative (déjà cette fâcheuse tendance de l’Europe à faire la démocratie en passant outre la volonté des peuples), François Mitterrand pensa passer les menottes aux allemands, leur lier les mains sur la table, sans qu’ils s’en rendent compte….Triste bilan 25 ans après ou c’est plutôt le reste de l’Europe, a commencé par la France qui semble menotté, volontairement face à une Allemagne leader incontestée de l’Europe. On est loin du concept de souveraineté partagée présenté pour faire accepter les pertes souveraineté. On allait retrouver à plusieurs ce qu’on avait déjà perdu partiellement seul.

Le déclin de l’influence politique de la France a été certes accéléré par l’entre en 2004 de pays voisins de l’Allemagne, dans son influence économique. On espérait que l’influence politique traditionnelle de la France, la politique de revers contre l’Allemagne, suffirait à compenser. Hors, l’influence politique n’est que la conséquence de la suprématie économique, et à croire que c’est en adoptant la monnaie allemande, ce qu’est en réalité l’euro, c’’était le ‘deal’, compréhensible du sacrifice de l’Allemagne (on perd le mark, mais il est remplacé par un substitut régi par les mêmes règles strictes) qu’on devient l’économie allemande, on a miné notre économie. Une France qui comme beaucoup de pays d’Europe du sud, a des PME financées par le crédit, et non des grandes entreprises financées en bourse, une France qui possède une compétitivité prix et non hors prix, ne peut supporter bien la pratique de taux d’intérêt élevé et d’une monnaie forte, d’autres telle l’Italie en on payé depuis 15 ans encore plus chèrement le prix…avant cela l’Angleterre de Thatcher, cher à F. Fillon, avait fait le même choix du sacrifice de l’industrie, pour la force de la livre et de la city à l’époque.

Les dommages ont été pires dans les pays d’Europe du sud : en l’absence de flexibilité monétaire, plus de monnaie à dévaluer avec une monnaie unique pour tous, on passait à la flexibilité réelle, ou plus exactement sociale : baisse des salaires, de la protection sociale….les grecques ont appréciés en version lourde ce que nous dégustons quotidiennement, en tous cas dans les discours en version light. Au-delà de la monnaie, c’est même le modèle de croissance qui est devenu allemand : priorité aux marchés extérieurs en contrepartie d’une croissance interne en baisse, faute de natalité en Allemagne, faute dynamique salariale dans le reste de l’Europe. Plus on scarifie ses salaires, plus on marque des points sur les marches du voisins, sauf qu’on ne peut exporter plus que si le voisin ne pratique pas la même politique. Ce jeux de passager clandestin ne peut fonctionner que si un seul pays le pratique…il est même mondial avec la possibilité offerte de délocaliser en chine, et donc de ne plus verser du pouvoir d’achat en Europe, tout en profitant de celui-ci, fiancé par les rares qui y sont restés.

L’Europe n’est pas une Zone monétaire optimale, le marché du travail notamment n’est pas intégré, les barrières de langues, la non reconnaissance des diplômes, les différences culturels, ne donne pas envie à un grecque, frappé par une politique inadapté d’aller vivre à Hanovre. Alors qu’un habitant du Wyoming peut plier bagages pour aller vivre dans le Wisconsin.

A cela s’ajoute le déphasage de conjoncture, qui rend très difficile la fixation d’un taux d’intérêt et de change unique pour une seule zone. Les derniers indicateurs quant à la convergence, à la divergence devrait-on dire, sont même problématiques : les écarts de productivité ont tendance à se renforcer.

Les pays d’Europe du nord, tel l’Allemagne craignent qu’un chômage faible n’alimente l’inflation, d’où le recours aux flux migratoire, quand les pays d’Europe du sud ou le chômage est proche ou au-delà des 20% souhaitent une lutte contre le chômage et utilisent pour ce faire le seul instrument laissé à leur disposition, la politique budgétaire…deux pilotes dans la même voitures, un qui appuie sur le frein de la politique monétaire, quand l’autre enfonce à pleine force sur l’accélérateur de la politique budgétaire…c’est le tête à queue assurer à long terme…

L’objectif de l’Euro était de faire l’emporter le politique sur l’économique. Cela faisant près de 20 ans, après le fameux rapport Warner de 1972, que l’on songeait à la mise en place d’une monnaie unique. L’ECU avec le SME en était les prémices mais on en voyait la date bien éloignée tant étaient grandes les divergences entre les pays…à monnaie unique pays unique, et en tous cas politique unique et non souveraineté des politiques conjoncturelles partages entre état et instance européenne.

Mais l’échéance aurait été de plusieurs décennies, et François Mitterrand n’a pas voulu rater l’opportunité politique d’un Helmut Khôl prés à imposer cela contre son peuple avons-nous dit. Il pariait sans doute sur le fait quel l’Europe s’est toujours réalisé dans l’urgence, et qu’il fallait faire preuve de volontarisme politique. Le politique doit commander à l’économique. Mais , il n’est pas de politique qui vaille sans la prise en compte des réalité comme disait le grand Charles, et même s’il avouât qu’on ne faisait pas rêver les français sur des courbes de croissances, se serait-il lancer dans une politique aussi aventureuse, qui aurait sans doute fonctionner dans une période de prospérité, celle-ci permettant de financer le coût social d’une convergence à marche forcée, et si les peuples avaient accepter la perte totale de leur souveraineté budgétaire..L’Europe est malade de ces demis-pats….on ouvre la porte sans vraiment y entrer

 

Ces deux exigences, croissance économique et perte totale de la souveraineté budgétaire acceptée par les peuples, au regard de la faiblesse structurelle de la croissance et des résultats de scrutins dans le monde en 2016 apparaissent comme bien hasardeux…Sans les possibilités économiques, le volontarisme politique est donc de peu de portée, aura été la leçon de l’histoire de l’Euro s’il ne survie pas à une prochaine période de difficulté, on ne peut mettre la charrue politique avant les bœufs économiques…En tous cas si l’Euro a bien permis un renforcement des instances européennes, on est loin du rêve de dilution de l’Allemagne…c’est plus l’effacement de la France qu’il faut acter 20 ans après.

Il reste que si l’Euro survie grâce à une reprise durable et à une perte de souveraineté budgétaire, se pose un autre problème : dans quel mesure une zone de libre-échange a-t-elle besoin de pays se ressemblant tous….alors qu’on pourrait convenir qu’une zone de libre-échange requiert une complémentarité des spécialisations…ainsi n’y aurait-il pas contradiction en les projets politiques d’intégration et monétaires de convergences d’une part et le projet commercial de complémentarité d’autre part…si ressembler à l’Allemagne n’est pas chose facile, et ce n’est probablement pas en adoptant sa monnaie qu’on s’y prendra le mieux, on y gagne qu’affaiblissement économique et effacement politique, est-ce même chose souhaitable, pour le pays…et pour toute l’Europe ?

 

C.G. 28 janvier 2017.

Partager cet article
Repost0
15 janvier 2017 7 15 /01 /janvier /2017 07:09

 

 

     Le protectionnisme : faisons le point.

 

A quelques jours de l’investiture de Donald Trump, revenons sur ce qui a fait sur le plan économique l’originalité de ses propositions : le recours au protectionnisme.

Cet argument électoral peut être né d’une analyse fine de la carte électoral, l’idée que les « sweeping states, Etats qui pouvaient faire basculer l’élection étaient en proie à des délocalisations. Mais au-delà de l’opportunisme électoral, il reste une proposition discutée sur le plan économique.

Cette thématique est certes inhabituelle pour des républicains attachés en période de prospérité au libéralisme économiques, libéralisme qui par ses principes repose sur la libre entreprise et le libre-échange. Historiquement, si les républicains ont été parfois isolationnistes sur le plan diplomatique contrairement aux démocrates, ils ne l’étaient pas sur le plan économique, le « grand old party » étant le parti du « big business », à présent on dirait « pro business ».  Cependant au début de la crise de 1929, l’apathie du pouvoir républicain face au phénomène, le fameux « laisser faire laisser passer» ne fût démenti que par le recours au protectionnisme tarifaire du président Hoover. Déjà la crise était prétexte aux entorses au dogme libéral.

Cette malheureuse initiative  protectionniste donna lieu à une surenchère mondiale durant toute les années 30 , jugée à présent très sévèrement par les économistes. Le protectionnisme déboucha sur des guerres commerciales, aggravées par des dévaluations en cascade initiées par l’Angleterre en 1931. Il ne resta que la France à prolonger l’orthodoxie libérale, jusqu’en 1936 tout au moins, pour son plus grand malheur, il ne faut jamais respecter les règles du jeu quand tout le monde triche !

 

On a retenu de ce recours généralisé au protectionnisme durant les années 1930 le fait que l’on privait l’économie du progrès technique et des rendements d’échelle qu’entraîne la pression de la concurrence internationale, ce qui empêchait les gains de pouvoir d’achat qui alimentent ordinairement à long terme la croissance. Progressivement la croissance est anesthésiée. Pour un bénéfice immédiat et ponctuel, quelques secteurs dangereusement menacés par la concurrence étant sauvés, on se prive à long terme des vertus générales du libre-échange, telle une bonne allocation des facteurs au niveau international, chacun évitant les productions dans lequel il est inefficace. On évite ainsi  les « goulets d’étranglement » qui bloquent la croissance lorsqu'on essaye de tout faire seul. Imaginons nos entreprises handicapées par des ordinateurs français d'un autre temps ou nos voitures roulant au gazogène….

Mais A. Smith lui-même avait déjà remarqué qu’entre un bénéfice général à long terme, si général et disséminé que personne n’en n’a vraiment conscience, et un coût immédiat et concentré sur quelques victimes, qui ne manqueront pas de manifester tapageusement, le pouvoir ne manquera pas de donner raison aux seconds plutôt qu’aux premiers.

Il existe un paradoxe dans la thématique du protectionnisme, elle est assez populaire dans l’opinion publique, alors qu’il est par contre assez difficile, voire impossible, de trouver des économistes favorables à son application générale et durable. Est acquis l’échec des stratégies autocentrées des pays en développement des années 60-70: la Chine a commencé à décoller une fois qu’elle a accepté de s’insérer dans le commerce international, ses recettes à l’exportation lui permettant de financer des achats d’équipement. Il n’y a qu’un protectionnisme ponctuel et ciblé, le fameux protectionnisme éducateur ou défensif, qui trouvent une justification théorique : on protège un secteur précis le temps qu’il rattrape son retard. C’est ce que le fît l’automobile japonaise de 1955 à 1975…le protectionnisme définitif abouti lui à la Traban…voiture produite par l’Allemagne de l’est de 1961 à 1989…sans modification et sans qu’il ne soit prévu quelques évolutions…

Au-delà du retard technologique, le recours au protectionnisme provoque d’autres coûts. On y perdrait en pouvoir d’achat : qui a envie de payer son textile 'made in France' 3 fois plus cher ?  Cependant, on y gagnerait en emploi, plus précisément en emploi non qualifié, des secteurs à faible valeur ajouté ne seraient plus victimes de la concurrence des pays à bas salaires. C’est là que l’on trouve que la France et d’autres ont fait avec la mondialisation le choix du chômage pour sauvegarder le pouvoir d’achat.

On a certainement à partir du début des années 80 sous-estimé le coût en emploi de la mondialisation, d’où son emballement à partir des années 90…On a un peu signé trop facilement des accords de libre échange (Uruguay-round) ou admis au sein de l’Europe des pays à niveau de vie radicalement différent ( Europe de l’est en 2004) dont on pensait que la faible productivité et le retard technologique suffiraient à nous mettre à l’abris de leur concurrence redoutable. L’idée du «redéploiement » , thème fort des années 80, était que les emplois non qualifiés perdus dans les secteurs à faible valeur ajouté que nous abandonnions à la concurrence des pays à bas salaires, seraient compensés par le développement des hautes technologies (aérospatiale, armement..). Comme souvent les erreurs, elle n’a pas été totale : il est exact qu’avec l’argent que les pays en développement gagnent en exportant des produits à faible valeur ajouté ils nous achètent des hautes technologies ; ce n’est pas aux américains qui savent très bien en faire eux-mêmes que l’on va vendre des avions, des centrales atomiques, des terminaux téléphoniques, des trains ou des armes, mais plutôt aux chinois ou aux indiens. Cependant, progressivement ces pays nous rattrapent, peut-être plus vite que nous le pensions, et ce d’autant que les ventes sont sous condition de transferts technologiques. Leur rattrapage en productivité et en technologie se réalise certainement plus vite que la vitesse à laquelle se renouvelle et se développe de nouvelles technologies pour lesquelles ils ne nous menacent pas encore à moyen terme. De plus, on a surestimé les retombées en emploi crées par ces secteurs à forte valeur ajouté : un équivalent en prix n’est pas un équivalent en emploi. Pour un airbus à 500 millions d’euros ayant créé 500 emplois fortement rémunérés, combien d’emplois perdus, peut-être 5000, par l’importation de 500 000 chemises à 10 euros ? Peut-être pensait-on que le dynamisme du marché intérieur, relayé par les hausses de pouvoir d’achat rendues possibles par les importations peu coûteuses compenserait le solde négatif du libre-échange en matière d’emploi, mais dans l’inflexion néo-libérale actuelle, ces emplois de service à la personne, de restauration et autres activités touristiques se sont avérés mal rémunérés, précaires et en temps partiel subit. La disparition du prolétaire de la sidérurgie à donnée naissance aux pauvres laborieux de chez Mac-do…le premier votait communiste, le second s’abstient…ou vote Trump et Le Pen !

On a sacrifié certains secteurs (le textile pour l’aviation) certains bassins d’emploi (Valenciennes pour Toulouse) certaines populations (les personne peu qualifiés pour les très qualifiés), certaines catégories: le secteur abrité profitant des prix bas importés (profession libéral artisans et commerçants, fonctionnaires), au détriment du secteur exposé à la concurrence internationale, et à ses affres de compression de personnel et salarial. Tout cela nécessiterait que les catégories gagnantes compensent leurs bénéfices d’un approvisionnement à prix bas par des transferts à destination des perdants. Mais la mondialisation a cela de tristement remarquable qu’elle empêche la réparation de ses propres dégâts : toute augmentation des prélèvements entraîne des risques de délocalisation des entreprises, des fortunes, sans parler de la fuite des cerveaux…

Comme tous les phénomènes économiques, la mondialisation compte donc des gagnants et des perdants. On est loin de la «mondialisation heureuse » promise par A. Minc….pour qui elle représente des d’opportunités à l’exportation quand les marchés européens stagnent. David Ricardo lui-même, le chantre du libre-échange, indiquait que certains pays y gagneraient plus que d’autres, le Royaume unis plus que la France par exemple, et que certaines catégories, la paysannerie anglaise, y perdrait quand d’autres, le secteur industriel y gagnerait. Enfin, il évoquait le fait que toute concurrence entraîne une harmonisation de la rémunération des facteurs, dit en terme moins élégants, cela signifie que quand les salaires des pays plus pauvres monteraient ceux des plus riches baisseraient….On est donc vraiment , même sur le plan théorique, bien loin de la présentation « heureuse » de la mondialisation faite par ceux qui ont financièrement intérêt à son approfondissement quand celle-ci aboutit à une protection sociale et une redistribution toujours plus faible.

Cependant, si le libre-échange a été payé au prix fort par les pauvres des pays riches, elle a par contre en 30 ans permis de sortir plus d’un milliard d’être humain de la pauvreté : le libre-échange entraîne une réduction des inégalités au niveau international, (les Pib des pays qui s’insèrent s’est rapproché de celui des pays riches) mais une augmentation des inégalités à l’intérieur des pays. Certes, en Chine, le nouvel ouvrier vie moins dans la misère que lorsqu’il était paysan, mais c’est bien peu par rapport aux fortunes des quelques maoïstes reconvertis, avec succès dans l’aventure entrepreneuriale, finalement il n’y a pas qu’en France que cela s’est produit ! Dans les pays riches, les salariés des secteurs abrités profitent de la baisse des prix des produits importés, les entreprises de hautes technologies  voient dans nos concurrents des clients, les hauts revenus profitent des baisses d’impôts nées de la concurrence fiscale...il y a donc bien , même chez nous des gagnants d'un libre échange anarchiquement conduit...

Car le consommateur est à côté de l’actionnaire le grand gagnant de la mondialisation . Il bénéficie avec les importations de plus de choix, la pression concurrentielle extérieure permet une amélioration de la qualité et des prix plus bas. Cependant, il ne doit pas oublier qu’on ne peut consommer que sur la base des revenus que l’on a gagné par son activité. Le consommateur du samedi qui achète des produits turques, tunisiens ou chinois,pourrait-il le faire longtemps s’il est le licencié de la semaine, ou qu’il voit son salaire pressuré par cette concurrence, quand ce n’est pas ses impôts augmentés pour payer les dégâts sociaux du libre échange (le chômage et son cortège de délinquance, d’addiction à l’alcool, aux stupéfiants.) ? A quoi cela sert-il de payer ses produits 10 % moins chers, si c’est pour payer 10 % d’impôts en plus ?

Il faut dire que face à la mondialisation, la France n’a pas choisi la stratégie gagnante.

Quand les allemands ont choisi la compétitivité produit ( oubliera-t-on longtemps que dans l’automobile allemande les salaires sont supérieurs aux français et le temps de travail pas supérieur) en France on tente la compétitivité prix. Stratégie désespérée, car outre qu’il parait illusoire de s’indexer sur les salaires de certains pays en développement, il y a certains éléments dès la compétitivité prix que nous ne maîtrisons pas, telle la monnaie, avec un euro qui sur 17 année a plutôt été une monnaie sur évaluée que sous-évaluée.

Etre favorable à la protection de l’environnement, des hommes (protection sociale) implique d’été favorable au protectionnisme commerciale, les deux premières protections sont conditionnées par la  troisième car imposer à nos entreprises des coûts environnementaux (marché des quotas d’émissions, réglementation ) sociaux (cotisation sociales) sans les protéger des pays qui ne le pratiquent pas, expose aux pertes d’emplois. Il ne faut pas oublier que nous  sommes avec l'extension du libre échange de plus en rarement dans une concurrence entre entreprises (oui au sein de l’UE avec les pays ayant les mêmes exigences) mais de plus en plus souvent dans une concurrence entre systèmes économiques, et qu’en la matière c’est le moins disant qui l’emporte.

Plus largement l’Europe a généralisé depuis 30 ans un modèle de croissance basé sur la compétitivité extérieur. On baisse ses salaires, sa protection sociale (mais pas sa monnaie..) pour gagner en compétitivité. Ce faisant, on déprime son marché intérieur, ce qu'on espère compenser par des gains sur les marché extérieur. Stratégie qui serait gagnante si il n’y avait que quelques pays ou passagers clandestins, à faire ainsi. Mais si cette stratégie est généralisée à l’ensemble de l’UE, il est illusoire d’exporter plus chez un voisin qui déprime également son marché intérieur. Ainsi l’Europe devient–elle le boulet de la croissance mondiale, quand les Etats-Unis en reste la dernière locomotive aidée par les facilités que lui donne le dollar en matière de déficit de la balance des paiements. Que l'on pense au fait que l’U.E. compte plus d’habitants que les Etats-Unis mais que l’on continue à attendre d’outre atlantique la croissance montre à quel point l’Europe, emprisonnée dans ses stratégies de de downsizing, est incapable d’initier une croissance interne !

Ne s’agit-il pas également d’une recherche mal comprise de la compétitivité ? On a déjà évoqué ici l’erreur d’un modèle français recherchant la compétitivité prix quand c’est le modèle allemand de la compétitivité produit qui s’est avéré fructueux avec son rang de premier exportateur industriel mondial. La nouvelle théorie du commerce international souligne que c’est du développement du marché intérieur que vient la compétitivité. Une consommation dynamique favorise la création d’entreprise, des innovations sont rentabilisées grâce aux l’économie d’échelle nées d’un commerce intérieur prospère, innovations aidées par les aides de l’Etat et autres commandes publiques, dans des pays (Etats-Unis et Japon) où ne sévit pas la commission de la concurrence et l’application rigide de ses principes de la « concurrence libre et non faussée ». Le produit étant enfin mature technologiquement et ses coûts abaissés, (pensons ici là la compétitivité du cinéma américain rentabilisé sur 320 millions de spectateur quand le français ne l’est que sur un marché de 30) peut être avec succès exporté. On concilie ainsi compétitivité prix et produit. L’Etat et le consommateur sont ici à la base de la compétitivité, on est loin du modèle européen actuel ou le moins d’Etat (baisser la protection sociale, chasser les dépenses et services publiques) et le sacrifice de la consommation intérieure (baisser les salaires) apparaissent comme l’horizon indépassable de la compétitivité extérieure.

En Europe, on est du reste dans un modèle où c’est le commerce extérieur rendu possible par des exportations facilité par la compétitivité prix, qui doit tirer la croissance du PIB. Ne s’agit-il pas plutôt de passer à un modèle keynésien ou c’est la croissance interne qui par l’importation, l’importation des uns étant l’exportation des autres, qui entraîne le développement de commerce international ?

 

Un seul point fait consensus entre les économistes : il existe une forte corrélation entre commerce international et croissance. Du sens de la relation vient le débat, dans le modèle actuel c’est le commerce qui doit tirer la croissance, d’où les politiques de libéralisation des échanges et de compression des masses salariales, le pays étant allé le plus loin étant le vainqueur. Succès individuel, échec collectif. Ne s’agirait-il pas plutôt de s’intéresser à l’autre causalité où c’est la croissance des marchés intérieurs qui entraîne le développement du commerce international ?  En tout cas, la stagnation de celui-ci ces dernières années en même temps que la croissance faiblit, montre qu’on est peut être parvenu au bout de la première logique. Si le protectionnisme systématique, durable, n’est pas une solution, on se prive du progrès technique et des rendements d’échelles grand pourvoyeurs de croissance à long terme et pour lesquels la pression de la concurrence international est un aiguillon nécessaire, il est probable qu’on est allé trop loin et surtout trop vite dans la libéralisation Pas le "free Trade", mais le "fair Trade" disent parfois nos amis d'outre-atlantique. Avant de refaire le monde, commençons tout au moins par l’Europe, par une harmonisation sociale et fiscale. Une fois encore ce n’est pas l’extension du libre-échange qui est une erreur, mais sa réalisation sans harmonisation préalable….alors elle ne profite pas à tous. Alors oui, si on est pour la protection des personnes (protection sociale), de l’environnement ( protection environnementale ) , il faut être pour le protectionnisme…sinon, on est la victime de ceux qui pratiquent les dumpings sociaux, environnementaux et monétaires….comme tous les jeux, le libre-échange ne vaut le coup d’être joué que si tout le monde respecte les règles, là comme ailleurs il y a prime aux tricheurs….qui a dit que l’économie était chose morale ?

 

C. G. 15-1-2017

 

 

Partager cet article
Repost0
24 novembre 2016 4 24 /11 /novembre /2016 07:34

 

   Nouveau modèle de croissance, nouveau modèle social.

 

Résumé : On est passée d’une logique « interne » de gauche ou les gains de productivité élevés sont redistribués sous forme de conquêtes sociales , à une logique « externe » libérale où c’est la baisse des prix des produits importés renforcé par la faiblesse de l’inflation interne qui alimentent vaille que vaille l’élévation des niveau de vie.

 

On a beaucoup évoqué le fait que pour la première fois depuis 150 ans les nouvelles générations ne sont plus certaines de vivre mieux que les précédentes , et sont même presque convaincues que pour elles cela sera pire qu’avant.

Les primaires républicaines qui peuvent du point de vue économique et sociale se résumer à une surenchère libérale sont évocatrices du fait que de façon justifiée ou pas, là n’est pas aujourd’hui le débat, l’heure n’est vraiment plus aux conquêtes sociales réglementaires imposées aux entreprises (35 heures, smic..) qui nourrissaient les envolées lyriques des fins de meeting de gauche…

Alors comment alimenter le « mieux être », ou en tous cas faire naitre l’espoir d’un monde meilleur ?

 

L’ouverture des économies crée un dumping social, la « mondialisation heureuse » ne l’est pas socialement pour les salariés des secteurs exposés à la concurrence internationale. C’en est donc fini non point uniquement de la semaine des 2 dimanches comme le disait Paul Reynaud en 1938, mais plus largement de toutes conquêtes se traduisant par une nouvelle réglementation plus contraignante pour les entreprises….sinon elles délocalisent.

Ainsi est-on passée d’une logique « interne » de gauche ou les gains de productivité élevé sont redistribués sous formes de conquêtes sociales , les entreprises y étant contraintes par une législation sociale, c’était le modèle fordo-keynésiens ; à une logique « externe » libérale où en ces temps d’épuisement du progrès technique et des gains des gains de productivité ( la raison à long terme de la fin des 30 glorieuses ) c’est la baisse des prix des produits importés renforcé par la faiblesse de l’inflation interne, toute deux conséquence du dumping sociale née d’une concurrence mondialisée, qui alimentent vaille que vaille l’élévation des niveau de vie.

Le principale problème de ce modèle est que dans ce contexte de concurrence fiscale généralisé qu’il interdit toute redistribution des gains à l’échange entre secteurs gagnants et perdants ( secteur exposé, secteur abrité de la concurrence internationale)  qu’entre catégorie gagnantes ( diplômés urbains, cadre dirigeants, actionnaires et profession libérales) et perdantes (pauvres laborieux ne parvenant même pas à vivre de leur travail à temps partiel subi).

Partager cet article
Repost0

Présentation Générale

  • : PREVISIONS ECONOMIQUES ET POLITIQUES - LES GRAPHES NOUS PARLENT
  • : Prévisions économiques et financières de long terme sur plusieurs années basée sur le cycle électoral pour différents pays portant sur plusieurs domaines: bourse, PIB, chômage, Taux d'intérêt, de change.
  • Contact

Pages