L’apport du cycle électoral à la prévision économique
L’exemple des Etats-Unis (1969-2008).
Introduction.
L’économie américaine bénéficie à certains égards d’une grande régularité dans ses évolutions conjoncturelles : celles-ci sont souvent proches de celles observées plusieurs années auparavant dans une conjecture politique similaire.
L’utilisation d’évolutions passées peut donc constituer une méthode de prévisions assez fiable, et peuvent porter jusqu'à 4 années.
Nos prévisions porteront sur 4 agrégats, le PIB, le chômage, les taux d’intérêt et la bourse.
1. Présentations des résultats.
Nous établissons donc des prévisions pour la période 1969-2008 à l’aide des expériences politiques survenues depuis 1953. Quatre séries statistiques des Etats-unis feront l’objet de prévisions, chaque fois en données trimestrielles exprimées en glissement sur un an. Il s’agit des cours du Dow Jones, du PIB, des taux d’intérêt à court terme et du taux de chômage. Le tableau 1 nous livre les résultats des corrélations de ces prévisions avec les évolutions effectives.
On observe qu’il est nécessaire de retarder les prévisions de deux trimestres pour obtenir les coefficients les plus élevés. Les variables sont alors suivis du symbole ‘-2’. A mesure qu’elle gagne en importance, l’économie américaine semble évoluer avec plus de lenteur. C’est dés les années 70 que ce phénomène apparaît, de sorte que dés cette période on aurait songé à décaler les prévisions de deux trimestres, ce que nous faisons donc dans la représentation graphique du document 2.
L’horizon de nos prévisions est limité tous les 4 ans par l’incertitude du résultat des élections présidentielle. Si en 2009 nous avons un horizon de 3 ans jusqu’à fin 2012, en 2008 cet horizon était inexistant. Les lignes ‘1 ère année inconnue’ nous indiquent un déclin des performances de nos prévisions, mais ce déclin est moindre que si nous introduisions une incertitude sur la seconde année, car c’est pour celles-ci que les différences selon les conjectures politiques sont importantes.
Un certain nombre d’incidents, sont venus modifier les évolutions effectives par rapport aux prévisions. S’agissant de la bourse ou du PIB, cela peut être dans un sens négatif telle la crise des subb-primes en 2008-09, ou positif comme les effets du contre-choc pétrolier en 1986. Parfois il n’existe qu’un phénomène de retard, c’est ce qu’on observe pour la seconde guerre du golfe qui reportera la reprise de deux trimestres au début de 2003. Enfin, il existe des cas ou le choc ne fera qu’accentuer un ralentissement déjà prévu : on l’observe pour le premier choc pétrolier en 1974-75, lors de la première guerre du golfe en 1990-91 ou à l’occasion de l’éclatement de la bulle Internet’ en 2001-02.
2. Approfondissement.
Il est possible d’améliorer les prévisions d’une variable en effectuant une synthèse des prévisions réalisées pour les autres. On sait ainsi que la bourse est corrélée positivement au PIB attendu, négativement par rapport au chômage et aux taux d’intérêt. En introduisant les décalages appropriés, on obtient une substantielle amélioration des prévisions. C’est ce que nous indique le document 3 et les courbes du document 4.
Conclusion.
Nous avons donc souligné l’existence de récession à l’occasion des alternances républicaines (1969-70, 1981-82, 2001-02). En fin de premier mandat, toutes couleurs politiques confondues, on observe assez régulièrement des reprises. Les mandats de reconduction sont plus difficiles à prévoir, plus l’activité est restée forte en début de mandat et plus la chute risque d’être accentuée
Ainsi, en matière boursière une période de pause est nécessaire en seconde année, en phase avec l’évolution du PIB. Son non respect, particulièrement lors d’un mandat de reconduction, est une ‘anomalie’ qui donne tôt ou tard lieu à un ‘crash’ boursier tel en 1987 ou 2007….deux fins de second mandat républicain.
Christian Guy - Décembre 2009
Docteur en Sciences économiques.
Agrégé de Sciences Sociales.
Sources Statistiques : OCDE Portail Statistique.