Nous présentons une étude comparative des bilans des Présidents de la République depuis 1959 au travers de leurs résultats en matière de croissance industrielle, à une époque où on évoque la désindustrialisation de la France, de chômage, d'inflation et de performances boursières.
Nous présenterons bien sur ces performances en valeur absolue au terme de cette étude, mais c'est avant tout en différentiel, c'est à dire comparativement aux performances des autres pays européens, présentement de la zone Euro que nous les étudierons. Il serait en effet logique que Charles de Gaulle à l'heure des 30 glorieuses est eu de meilleurs résultats que les présidents des 30 piteuses pour reprendre l'expérience de Nicolas Baverez.
On y constatera des surprises, le bilan industriel de Pompidou n'est pas si flatteur comparativement aux évolutions de l’époque, l'histoire sera peut-être plus juste pour Giscard d'Estaing dont les performances étaient très équilibrées et pas si négatives. On observera le poids de la dimension personnel, le bilan notamment en matière d'emploi et de désindustrialisation de François Hollande n'a pas à rougir par rapport à celui de Nicolas Sarkozy, et pourtant avec un bilan semblable, l'un n'est même pas en situation de se présenter aux primaires de son propre parti quand l'autre fait 48.5 % des voix au second tour....
Mais surtout cette étude est une invitation à s'interroger sur la première qualité d'un homme politique: la chance...ou la malchance. On l'avait dit du Président américain qui ne fit rien ou pas grand-chose...et connu une phase de croissance presque sans précédent depuis 30 années, on pourrait le dire des Présidents français dont les résultats même en données relatives restent étroitement dépendante de l'époque. C'est malheureusement la portée de cette étude de montrer justement...la faible portée du volontarisme en politique. Economique et tous cas...on n’échappe pas les évolutions lourdes et de long terme de son économie. A partir de la fin des années 60 jusqu'au début des années 2000 un différentiel positif de chômage ne cesse d'augmenter, porté notamment par des évolutions démographiques et technologiques de fonds...quand les choses semblent commencer à s'améliorer sur le front du chômage, elle se dégrade en matière de désindustrialisation au début des années 2000.
Un autre bilan de cette étude est que nos résultats en différentiel devant également s'apprécier comparativement aux résultats des autres, et la zone euro depuis 2008 avec une crise intense de l'emploi en Europe du sud est bien servi, nos performances relatives dépendent donc de nos vertus....et des vices de nos voisins...
A côté des surprises, on confirme également des idées reçues. A un Président De Gaulle qui n'était pas l'ami de la finance, le "la politique de la France ne se fait pas à la corbeille" n'était pas que pour la galerie, succède un Président Pompidou dont on brocardera longtemps l'ambiance "affairiste "de l'entourage, la bourse connaitra alors une phase de rattrapage. Les années 70 seront les années Giscard, mais aussi celle de la peur de la droite d'un nouveau mai 68, de plan emploi des jeunes en plan emploi sidérurgie, on fera tout pour calmer le front social, ce qui se lit dans les résultats en différentiel de chômage. Lui succède une gauche capable d'imposer au milieu populaire des sacrifices, avec des résultats en matière de différentiel d'inflation qui en surprendront plus d'un. "La France doit être gouvernée au centre" lançait le Président Giscard d'Estaing, ses résultats seront en effet les plus équilibrés lorsqu'on examine son "carré magique" ou graphique araignée. On reprochera au Président Chirac de ne pas avoir fait grand-chose une fois au pouvoir, l'homme qui s'ait montré si pugnace dans son désir d'arrivé au pouvoir, se montra fort peu entreprenant pas la suite...l'entreprise, industrielle en tous cas commença à se dégrader en effet véritablement sous son pouvoir. Une bizarrerie, nous interrogeant sur les responsabilités de ceux qui exercent réellement le pouvoir, nous avons attribué la paternité des résultats allant de juin 1997 à mai 2002 à Lionel Jospin, premier ministre et non président. Toute l'ambigüité du personnage et de la gauche de ces 20 dernières années résident dans ses résultats en matière d'emploi: les meilleurs en valeur absolue à la faveur de la reprise des années 1997-2000, parmi les pires en données différentielles. On reprochera au Président Sarkozy de bouger beaucoup pour peu de résultats. la fameuse théorie de l'agenda qui veut qu'à chaque jour corresponde une action pour que les médias parlent de vous....on glissera ainsi rapidement vers le fameux "buzz" mot emblématique de ces années au Président "bling-bling": il est vrai que les résultats en matière de désindustrialisation montrent qu'il existerait une relation inverse entre la visite d'entreprises , leur évocation dans les discours quand ce n'est pas la proximité idéologique avec le patronat...et les résultats en la matière ! Par contre la finance n'en finit pas de se réconcilier avec la Gauche, résultats qui était déjà en bonne voie sous Mitterrand et qui permettras à François Hollande d'avoir de meilleurs résultats en la matière que Nicolas Sarkozy, même en donnée relative...un succès un peu embarrassant pour celui qui se présentait comme l'ennemi de la finance, et qui à défaut d'avoir réussi son mandat, pas moins que le président précédant il est vrai, réussi au moins sa sortie. En faisant lui succéder son "clone idéologique" son ancien conseiller économique et ministre de ce même domaine, Emmanuel Macron.
Comme toute étude, celle-ci à ses "succès", c'est à dire des enseignements permettant de valider ou d'invalider des idées reçues, si nombreuses en politiques, mais aussi ses limites, c'est à dire la difficulté à trancher clairement un débat. Nous avons observé que les Présidents qu’ils n'échappaient pas à leur époque, il en est de même pour les résultats différentiel de la droite et de la gauche, à fortiori en valeur absolue. Ainsi les résultats de la droite et de la gauche dépendent étroitement du champ chronologique étudié: fait-on démarrer l'étude à 1981, quand la gauche arrive aux responsabilités, pour la comparer valablement à la droite qui lui succède par intermittence ensuite, à 1974 quand s'évanouissent les 30 glorieuses, à 1958 début de notre étude ? Des champs chronologiques retenus dépendent donc beaucoup les résultats... Par curiosité pour nombre de statistiques nous avons intégré partiellement la IV émet république à partir de 1951....des résultats qui réuniraient nos présidents de la Vème dans un effort d'humilité, la mal aimé des français institutionnellement, n'ayant vraiment pas démérité économiquement.....
Les résultats en différentiel ont été divisés par 10 pour la bourse. Ils ont été inversé pour l'inflation et le chômage, de sorte que plus les résultats sont éloignés du centre et meilleurs ils sont.
Ainsi pour les graphiques suivants, plus la surface du losange est importante et meilleurs ont été les performances. Une pointe dans un sens traduit un domaine d'excellence...payé au prix lourd dans d'autres domaines restés assez plats...
François Hollande et Nicolas Sarkozy réunis là ou on ne les attendais pas : dans une Europe marqué par la crise de 2008 et les taux de chômage flirtant avec les 20 % en Europe du sud il apparaissent presque bon en la matière.....en différentiel...ce qui ne suffira pas à rendre leur reconduction possible, les Français,personnages ingrats et ralleurs..préférent les évaluer en valeur absolue. Réunis dans l'échec électoral, ces deux présidents successifs dont le second aimait tant marqué sa différence, notamment au travers su fameux "moi président", ont les graphiques radars les plus semblables....Foin des volontarisme, on 'échappe décidément pas à son époque...
Lionel Jospin....dont l'alter égo serait Giscard d'Estaing qui présente également un graphique radar assez équilibré.....en plus grand...
Jacques Chirac n'est examiné que pour ces sept années de pouvoir effectif ( juin 95-mai 97, juin 2002-mai 2007). Le début de la grande glissade industrielle...étrange héritier du Président industrialiste Pompidou...
François Mitterrand, ou quand la gauche sacrifie la lutte contre le chômage à celle contre l'inflation..à défaut de plaire toujours à ces électeurs, cela plut au moins à la bourse....
Giscard d'Estaing, sans doute le chouchou de notre étude, qui en sort grandi par l'équilibre et l'importance de ces résultats positifs....en différentiel..cela ne suffit pas à gagner une élection comme il l'apprendra à ses dépends un fameux 10 mai 1981...
Pompidou, ou quand la droite de l'après 68 à peur de la rue...l'auteur du fameux "quand il y aura 500 000 chômeurs en France ce sera lé révolution" soigna ainsi ses résultats en matière d'emploi mais rattrapa les concessions salariales de 68 en douceur avec l'inflation....Une droite qui néglige l'inflation par peur du peuple et une gauche qui néglige le chômage par confiance dans sa maîtrise du peuple, voila une idée reçue qui circulait déjà et que semble confirmer notre étude....mais tout est aussi affaire de champ chronologique...
Le grand Charles connaissait de fréquente manifestation où la CGT scandait " des sous charlots !"....son point commun avec son successeur sera d'y avoir cédé avec des mauvais résultats en matière d'inflation et de bon en matière d'emploi...qui disait que la courbe de Philipps n'existait pas ?.....
S'il n'y a qu'une seule donnée ou les résultats semble échapper à des évolutions historiques de long terme ce sont les performances boursières.
Une inflation croissante jusqu'à la fin des années 70, sous la droite remarqueront certains, des résultats en constante amélioration le record étant détenu par Lionel Jospin en différentiel...
Un désindustrialisation de plus en plus préoccupante, dont on notera qu'elle n'a pas commencé au début des années 2000, elle y prendra une dimension nouvelle avec l'irruption au printemps 2001 d'un nouveau mot pour le grand public : les délocalisations...
Là encore on semble ne rien pouvoir faire contre les mouvements de l'histoire, et pourtant c'est sur cela que les Présidents depuis 40 ans sont évalué lorsque sonne l'heure, fatal pour ceux qui ne sont pas en situation de cohabitation, de leur réélection....