Analyse chartise et prévisions boursières :
une analyse politico économique du dow jones
1953 - 2011
Nous présentons une méthode de prévision de la bourse américaine (dow Jones industriel) à partir d’une analyse chartiste semestrielle. Les mandats de 4 ans sont découpés en 8 semestres On observera qu’un certain nombre de régularités sont présentes .
I) Les 6 temps d’un mandat.
Nous découpons les mandats en 8 semestres (de 1A pour le premier semestre de la première année du mandat à 4B pour le deuxième semestre de la 4 ème année). Nous portons également sur le graphique l'année antérieure (notée M- ) et celle postérieure (notée M+ ) au mandat étudié.
Plusieurs 'temps' réguliers sont à abserver.
1) La pause électorale.
D’une façon générale, les mois qui sont autours de l’élection présidentielle sont l’occasion d’une pause, les cambistes étant dans une relative incertitude. Cette pause est matérialisée d’une flèche bleue sur le graphique.
2) Le premier semestre : en relation avec l’année précédente.
Le premier semestre (1 A) est en réaction par rapport à la quatrième année du mandat précédent si l’évolution a été excessive (correction).Ainsi, on observera un déclin si l’année précédente a été fortement haussière. Ceest souvent le cas en fin de mandat démocrate . Inversement, une forte baisse à la fin d’un mandat républicain provoquera une forte hausse au début du mandat démocrate suivant.
Par contre, si l’évolution de l’année antérieure au nouveau mandat a été mesurée, le premier semestre du nouveau mandat, voire l’ensemble de la première année, s’inscrira dans la même logique. Ainsi, en cas de faible hausse avant, on assistera à une faible hausse après, une stagnation entraînera une stagnation ….
3) la pause de fin de première année.
Il est rare que le second semestre de la première année soit positif. Il marque une pause dans les relances démocrates (1961, 1977, 1993, 2009), ou le début du déclin lors des alternances républicaines (1981). Les marchés s’interrogent…et en bourse le doute ne profite pas….
Une chute prononcée est de mauvaise augure (1929, 1981, 2001). Il est en effet rare qu’une tendance négative en 1B soit infirmée dans le semestre suivant.
Inversement, une poursuite de la hausse lors de ce moment traditionnel de pause est plutôt un bon signe pour la suite, aucun déséquilibre économique est à corriger et ne fait donc craindre à la bourse la mise en place de politiques restrictives. Dans une autre étude, nous évoquons ce semestre 'prédicteur', tant la corrélation entre son évolution et celle de l'ensemble du mandat est forte.
3) La timide reprise : 2A.
Le premier semestre de la seconde année de mandat (2A) marque en général une légère amélioration par rapport à 1B ….mais ici, une hirondelle ne fait pas le printemps, il ne s’agit souvent que d’une pause dans la baisse…Les cambistes sont peut-être stimulés dans un premier temps par l’annonce de mesures restrictives (lutte contre l’inflation) qui montre le sérieux du gouvernement…mais ils ne tarderont pas à constater que les mesures restrictives de début de mandat ont leurs coûts conjoncturels….ce sera pour 2B.
4) L’âme du mandat : de 2B à 3A
Du milieu de la deuxième année au milieu de la troisième, c’est la période centrale qui donnera l’essentiel de sa forme au mandat. C’est aussi la période la plus variable, la conjoncture peut être au plus haut….mais elle est en général au plus bas, c’est le creux de mandat.
Si le creux est atteint en 2B, on évoquera un creux précoce, le sommet suivant apparaîtra également de façon précoce dés la fin de 3A. Inversement, comme en 2003 du fait de la guerre du golfe, le report du premier événement provoquera celui du second.
Au début des 30 glorieuses (1949-1960), le milieu du mandat se caractérisait au contraire par une hausse continue grâce à l’expansion de l’économie, inversement la crise de 1929 avait provoqué un déclin continu.
Cette période centrale est à surveiller de prés en cas de second mandat, car en l’absence de pauses salvatrices (1966, 1998), on risque d’aller vers un crash (1987, 2007-08). En effet, Les seconds mandats sont obtenus grâce à une bonne conjoncture de fin de premier mandat, croissance robuste qui se poursuit donc au début du second….puis la croissance commence à donner les premiers signes d’essoufflement au milieu du second mandat. Nous sommes alors souvent à la 6 éme année du cycle de reprise. Or les cycles américains sont d’une durée moyenne de 8 ans….juste de quoi obtenir pour une couleur politique un deuxième mandat mais pas ,sauf circonstances exceptionnelles (deuxième guerre mondiale en 1940, contre-choc en 1986 -88), un troisième.
5) Les 18 derniers mois : stabilisation.
Du second semestre de la troisième année (3B) au dernier de la quatrième année (4B) nous entrons dans les 18 derniers mois de mandat, une période de stabilisation, voire de consolidation baissière si la hausse a été vigoureuse (1956, 1984). Si le creux et la reprise ont été tardifs, ou en cas de reprise particulièrement forte, la stabilisation ne débute qu’avec la 4 éme année en 4A (1996, 2004).
Cette stabilisation peut offrir un profil totalement plat (1951-52, 1943-44), mais le plus souvent, elle présente la forme de 3 oscillations semestrielles, le mouvement centrale (4A) étant en opposition avec les deux extrêmes (3B et 4B). Ainsi, sur notre graphique, les mouvements extrèmes notés en vert foncé vont dans le même sens alors que celui central en vert clair est en opposition par rapport aux 2 autres.
II) Etude de cas
Au travers d’une typologie, nous allons interpréter les différentes mandatures depuis 1953, afin ‘d’apprendre‘ à interpréter toutes les ‘déviations’ par rapport aux formes épurées.
Le graphique suivant nous présente les 4 cas que nous retiendrons : alternances républicaines ( 4 cas ) , reconductions républicaines ( 5 cas ) , alternances démocrates ( 3 cas ) et reconductions démocrates (2 cas ) .
1) Les Alternances républicaines.
Très proche de la forme générale, les alternances républicaines se caractérisent par une dégradation de début de mandat particulièrement accentuée compte tenu de la dilection de la droite pour la lutte contre l’inflation. 1B ne sera donc qu’une accalmie dans la baisse, et généralement le creux de mandat est rapidement atteint, dés 2 B.
Une exception notoire : le premier mandat de D. Eisenhower, où portée par la croissance des 30 glorieuses, la bourse repartira à la hausse des le début de la seconde année… (1954) mais c’est vraiment l’exception.
Inversement l’impact récessif des menaces de guerre repoussera la reprise de 3A en 3B pour George bush junior (2003).
2) les alternances démocrates.
Déjà un peu plus éloignées de la forme épurée du cycle électoral, les alternances démocrates se caractérisent par une vive reprise dés le premier semestre de la première année (1A) . Ainsi, elles sont en opposition avec l’année précédente, 4 éme année de reconduction républiciaine généralement déclinante. Les démocrates sont appelés au pouvoir en période de difficulté , et commencent donc leur mandat par une relance.
On peut cependant noter des différences entre les vives reprises que connaîssent F.D. Roosevelt ou J. Carter dés 1933 ou 1977, et la reprise beaucoup plus poussive observée sous B. Clinton en 1993. Celle en œuvre sous J.F. Kennedy en 1961 occupe une place intermédiaire. On observera cependant que si chaque fois la pose en 1B est assez bien respectée, les fins de mandat divergent aussi.
3) Les reconductions républicaines.
Nous avons souligné la principale préoccupation à leur sujet : l’absence de purge dans la première moitié du mandat risque d’entraîner un crash boursier lorsque la croissance faiblira. Les seconds mandats de D. Eisenhower et R Nixon – G. Ford échapperont aux crash de fin de mandat ….car ils avaient eu lieu au début : dés 1957 et 1974. Remarquons que le crash de 1929 aura lieu non dés la fin du second mandat, un Marxiste y verrait l’accélération de l’histoire, mais au début du 3 éme, dans la phase délicate de 1 B.
4) Les reconductions démocrates.
Nous devons faire preuve de prudence, car en la matière nous disposons que de deux reconductions démocrates après 1953 : celle de 1965 – 69 avec L. Johnson et celle de 1997 – 2001 avec B. Clinton.
Les débuts de mandats sont expansionnistes, grâce à la nouvelle économie en 1997 – 98, au programme d’armement en liaison avec le conflit de Vietnam en 1965 - 66. Mais une purge en 2B, leur permet de connaître une fin de mandats plus sereine que sous les républicains.
III) Examen de la mandature de B. Obama.
Notre premier graphique nous permet de constater que les ‘temps’ traditionnels d'une alternance démocrate ont été assez bien respectés pour les 26 premiers mois de la mandature 2009 - 2013.
On observe bien le fort rebond en 1A, inverse de la chute prononcée de la 4 ème année républicaine. La pause de 1B est également présente, par contre la légère reprise de 2A cède ici rapidement la place à un milieu de mandat en v : baisse jusqu’à l’automne de la deuxième année, reprise ensuite.
Ce qui constitue la difficile originalité de la mandature d’Obama par rapport à d’autres mandats démocrates, c’est l’importance de la chute de la 4 ème année qui l’a précédé : les autres présidents démocrates arrivaient en généralement en fonction après des périodes moins difficiles. Cela devrait normalement donner plus de potentiel de hausse pour les années 2011 - 2012.
Par rapport à la moyenne des autres mandatures comparables, celle d’Obama à connu une reprise de début de mandat plus lente et moins forte en 1 A, le plongeon des marchés dura jusqu’à fin mars 2009, mais on observera une reprise plus intense par la suite. Le creux en cours de deuxième année s’inscrit dans la logique habituelle, par contre la hausse de la bourse en 3A est plus prononcée qu’à l’habitude, un risque de correction est donc présent…mais il est vrai que le potentiel de hausse est également plus élevé, il y a plus de terrain à rattraper depuis le point haut de 2007….mais ne faudra-t-il pas attendre pour cela le début d’un éventuel second mandat ?
Christian Guy – juin 2011
Docteur en sciences économiques
Agrégé de sciences sociales
Annexes : les différentes mandatures
de 1953 à 2009
A ) Alternances républicaines :
B) Alternances démocrates
C ) Reconductions républicaines
D) Reconductions démocrates