Endettement des Peuples, endettement des Etats : deux faces d’un même problème.
Les crises des dettes publiques et privées risquent de devenir récurentes sans un partage équilibré de la valeur ajoutée.
Résumé
L'épuisement des gains de productivité à partir de la fin des années 60 et le partage déséquilibré de la valeur ajoutée qui suivit, explique à long terme le recours à l'endettement privé dans le modéle anglo-saxon et celui à l'endettement publique dans le modèle rhénan.
Aujourd'hui la panique porte sur l'endettement public , demain peut-être sera-ce au sujet de l'endettement privé....tant qu'on aura pas trouvé un compromis équilibré dans le partage de la valeur ajoutée, les problèmes subsiteront...les déséquilibres macro économiques ne sont que le reflet des déséquilibres dans l'entreprise .
On pourrait opposer schématiquement le modèle Anglo-saxon, où l’insuffisance de pouvoir d’achat est compensée par un endettement privé, au modèle Rhénan, où c’est l’Etat qui recoure à l’endettement, distribuant du pouvoir d’achat via les prestations sociales.
On peut également avoir une lecture plus politique opposant la gauche recourant à l’endettement publique par le gonflement des prestations, quoique la droite ait beaucoup oeuvré depuis Reagan pour le gonflement des déficits via les baisses d’impôts, à la droite où les politiques salariales restrictives incitent à l’endettement privé…mais là encore le développement outrancier du crédit à la consommation n’est pas l’apanage d’un bord politique exclusif.
Actuellement c’est l’endettement public qui est sous les feux des projecteurs, alors que normalement un endettement est apprécié relativement aux actifs. Le patrimoine des Etats n’est pas mince….mais il est vrai difficilement mobilisable, la vente du Parthénon n’est pas encore à l’ordre du jour….
Si on consolidait l’endettement des Etats du modèle rhénan par la situation des ménages, notamment en France, ces nations apparaîtraient comme des modèles de vertu comparativement à celles du modèle anglo-saxon….mais la bourse à ses modes…un nouvel aspect de l’irrationalité des marchés.
Si les deux modèles ont toujours eu leur pêché mignon, ou leur déficit mignon, tendanciellement l’accentuation de ces déséquilibres remonte à 3 décennies.
Le ralentissement des gains de productivités à la fin des années 60 à fait émerger des tensions dans le partage de ceux-ci, plus communément perçus au travers du partage de la valeur ajoutée. Après un période (années 70) de règlement de cette tension par un partage inflationniste en faveur des salariés, on est passé depuis les années 80 à une période déflationniste (chômage de masse) de partage en faveur des entreprises.
Comment régler cette insuffisance d’injection de pouvoir d’achat : chaque modèle a trouvé sa réponse, l’un dans l’endettement privé, l’autre dans l’endettement public.
Si on parvient à régler dans les prochains mois le problème de l’endettement des Etats, peut-être que dans x années la vedette passera à l’endettement privé….
Endettement privé et endettement public sont donc les deux faces d'un même problème. Tant qu’on aura pas traité le problème à la racine, l’incapacité à trouver un nouveau compromis équilibré dans le partage de gains de la croissance, comme fût le compromis ‘fordo-keynésien’ des trente glorieuses, on continuera à aller de crises boursières en récessions et périodes de croissance anémiées, ponctuées de paniques fondées sur l’endettement publique ou l’endettement privé.
Et si on pensait au modèle nordique pour éviter que ces déséquilibres dans les entreprises ne se transforment en déséquilibre macro-économiques ?
Christian Guy - septembre 2011